Alors maintenant il nous
faudrait mettre une bougie à nos fenêtres en soutien à Ingrid…
Pour m’être rendu à
plusieurs reprises en Colombie je peux témoigner qu’il n’est nul besoin de
prendre le risque de s’aventurer dans les territoires montagneux contrôlés par
les F.A.R.C. pour ressentir l’extrême violence de ce pays.
Je me souviens de ce chef
d’entreprise m’expliquant avoir vu ses employés mourir sous ses yeux lors de
l’explosion de la canalisation de gaz qui courrait sous sa rue, c’était l’un
des attentats les plus sanglants de Bogota. Après l’entretien, Gonzalo insistât
pour que son chauffeur me raccompagne à l’hôtel. La voiture, blindée, était
équipée d’un haut parleur extérieur relié à un micro permettant au conducteur
de ne pas baisser sa fenêtre pour communiquer avec l’extérieur.
Et cette
femme qui me donna rendez-vous pour se présenter à moi, elle venait de
reprendre l’entreprise de son époux, un client. L’homme, après avoir un peu
trop bu, s’était engagé à contre sens dans une ruelle. Les policiers, qui y
tenaient un barrage, croyant à un attentat, ont tiré sur le véhicule et tué le
conducteur sur le coup.
Je revois encore ces
dizaines de réfugiés campant au pied de mon hôtel...
Il y a aussi cette amie qui me racontait comment en rentrant un soir chez elle, un quartier
pourtant hautement sécurisé, elle a du enjamber un cadavre gisant au seuil de
la porte d’entrée de la résidence, l’homme avait été abattu par balle…
La Colombie est l’un des pays les plus violents au monde. Entre
la guérilla révolutionnaire et la contre guérilla d’extrême droite, entre la
violence dite « commune » et les vendettas des trafiquants de drogue,
les colombiens ont apprit à vivre avec ces histoires sordides et pourtant
devenues quasiment banales. Les hebdomadaires locaux pullulent de publicité
pour le blindage des véhicules, un couturier vous propose des collections de
vêtements pare-balles. A l’hôtel le numéro inscrit sur la clef ne correspond
pas à celui de votre chambre par mesure de sûreté, des dizaines de gardes du
corps surarmés perturbent la circulation en attendant, dans
Ingrid Bétancourt n’était
qu’une candidate écologiste mineure à l’élection présidentielle en Colombie,
les sondages ne lui donnaient que 2,5% d’intention de vote.
Qu’elle ait souhaité
réaliser un coup d’éclat médiatique en se rendant, malgré les avertissements
répétés des autorités locales et les menaces proférées par les F.A.R.C., dans
une région contrôlée par les rebelles est après tout son problème.
J'ai toujours été choqué de l'indiférence totale des médias français face à la situation locale, des dizaines de miliers de morts et quelques 700 otages qui n'ont pas, eux, décidé de se jetter dans la gueule du loup. Ajourd'hui qu'Ingrid est à la mode toute la France
bien pensante nous presse de nous mobiliser pour sa libération. Mais pourquoi
elle ? Parce qu’elle a écrit un
livre par ailleurs sans le moindre intérêt ? Parce que Mélanie Betancourt,
sa jolie frimousse et sa voie d’enfant passent bien à la télé ? Parce que
son ex-époux est un diplomate français dont les relais lui ont permis de
médiatiser le cas d’Ingrid ? Ou parce que notre président s’est
autoproclamé libérateur en chef de tout ce que le monde compte d’otages ?
Si c’est le cas, à quand des rafales pour les F.A.R.C. ?
La situation dans ce pays
Andins est d’une très grande complexité. Prenons le trafic de drogue par
exemple, la guérilla de gauche est accusée de se financer sur le trafic de
drogue, c’est tout à fait vrai, mais dans ce cas pourquoi oublier de rappeler
que les paramilitaires, soutenus par le gouvernement, font de même ? Et
pourquoi ignorer les relations plus que troublantes entre le président actuel
et Pablo Escobar, le fameux parrain ?
Que les bien pensants de
tout bord viennent nous faire pleurer sur le sort d’une femme tellement imbue
de pouvoir qu’elle écrit à sa fille Mélanie : « Je suis heureuse
pour ton master à New York. C’est exactement ce que je t’aurais conseillé. Mais
attention, il est très important que tu fasses ton DOCTORAT. Mélanie, je tai
toujours dit que tu étais la meilleure, bien meilleure que moi, une sorte de
meilleure version de ce que j’aurais voulu être. C’est pourquoi je te
demande, mon amour, que tu te prépares à arriver au sommet », d’une femme qui, aveuglée
par son ambition, a ignoré les règles de prudence les plus élémentaires, que
ces bonnes âmes nous invitent à nous lamenter pour elle tout en omettant la
vraie réalité de tout un pays et de tout un peuple voilà qui me révolte.
Alors qu’on libère
Betancourt si la diplomatie française considère cela comme une priorité que
dans un monde plus dangereux que jamais, soit et après tout, tant mieux. Mais
que l’on arrête enfin de nous faire pleurer sur le sort d’une femme qui n’a
jamais représenté qu’elle même !
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