Nous
sommes le 24 Août 2008, des feux d’artifices somptueux signalent la fin de la
cérémonie de clôture de la XXIXe olympiade. L’organisation a, comme prévu, été
sans faille. Les opposants et ouvriers pauvres ayant été cachés à l’intérieur
des terres pour la durée des jeux, les nombreux touristes présents ne garderont
de la capitale chinoise que l’image d’une ville moderne, propre et sûre ou le
moindre chauffeur de taxi sait se débrouiller avec quelques mots d’anglais.
De
l’autre côté du pacifique, à Los Angeles, ville des J.O. d’été 1984, une énième
émeute vient d’éclater dans le Watts. Un jeune noir, arrêté pour avoir volé une
bouteille de lait, a été tabassé par des policiers blancs qui n’avaient pas
supporté d’entendre le voleur s’écrier « en Chine au moins on mange à sa
faim ». Les voisins, témoins des mauvais traitements infligés au gamin
s’en sont spontanément pris aux forces de l’ordre et l’affrontement a dégénéré
en bataille de rue.
Depuis
le 5 Mars et le fameux Mercredi Noir les États-Unis sont embourbés dans la pire
récession de leur histoire. Déjà fin Février les marchés financiers avaient
failli plonger, inquiets qu’ils étaient de voir le dollar passer la barre
symbolique des $1,70/€ tandis que le pétrole franchissait les $150 au milieu d’un
hiver pourtant clément, l’annonce d’une baisse des taux de la Réserve Fédérale à
1,5% avait finalement sauvé Wall Street. Depuis Juillet 2007 et l’éclatement de
la « crise des subprimes » les banques avaient petit à petit révélé
l’ampleur des pertes astronomiques qu’elles subissaient sapant à chaque
révélation un peu plus le moral et la confiance des investisseurs. La
consommation avait pourtant bien résisté jusqu’aux fêtes de Noël grâce aux
remises exceptionnelles consenties par les chaines de grande distribution mais
dès le début du mois de janvier et les hausses de tarifs touchant tous les
secteurs, des transports au moka de chez Starbucks, la
population a commencé à comprendre qu’elle devrait se restreindre et la
consommation brutalement chuté.
Le
5 Mars dans la matinée, Moody’s, l’agence de notations a annoncé classer
« à vendre » l’ensemble des instituts financiers (à l’exception de
State Street Bank et de HSBC). Les traders ont alors tous cherché à se défaire
au plus vite de leurs titres dans ce secteur. Dès le début d’après-midi et
l’avertissement de Wall Mart sur des pertes au 1° trimestre, la peur des places
boursières s’est transformée en panique précipitant l’indice Dow Jones 13% en
dessous de son niveau de mardi. Les jours qui ont suivit n’ont été qu’un peu
moins terribles, fin Mars Wall Street avait perdu 38% !
Depuis
lors et jusqu’à ce 24 Août les États-Unis se sont enfoncés dans une terrible
récession, l’inflation a atteint 12,5% en rythme annuel, le prix des maisons a
baissé de 42%, le gallon d’essence coûte 6,5 dollars et le taux de chômage a
passé la barre des 12%, des millions d’américains expulsés de leur maison en
squattent d’autres dont les propriétaires ont subit le même sort.
L’image
d’une Chine flamboyante que les télés projettent pendant toute la durée des
Jeux Olympiques achève de convaincre nombre d’américains que leur pays n’est
plus la première puissance mondiale et beaucoup d’entre eux s’expatrient à
Shanghai et Shenzen ou Pékin a respectivement relocalisé citigroup et Ford
Motors Co., deux des nombreuses sociétés récemment achetées pour une bouchée de
pain.
Le
25 Août, des 1670 milliards de dollars de réserves monétaires qu’elle détient,
la Chine annonce en consacrer un quart à la recapitalisation de ses banques,
criblées de dettes douteuses. Un autre quart sera, sur les trois années qui
viennent, consacré à un gigantesque projet d’infrastructures essentiellement
dans le domaine social, hôpitaux, logements et écoles.
De
la moitié restante, soit plus de 800 milliards, le gouvernement
annonce en verser 45% à China Investement Bank, portant ainsi le trésor de
guerre de ce fond d’investissement, créé un an plus tôt, à 660 milliards de
dollars.
Le
26 Août un officiel déclare « nous consacreront une grande partie de cette
somme à l’acquisition de société états-uniennes structurellement viables mais
non concurrentielles lorsque situées à Chicago ou Dallas » confirmant
indirectement la rumeur selon laquelle le rythme des acquisitions de Pékin aux
USA pourrait s’accélérer.
La
veille, un autre membre influent du Parti avait affirmé « face à la
baisse des commandes américaines l’économie chinoise ne devrait pas souffrir
outre mesure grâce à ce nouveau plan d’investissement en infrastructures. Le
chômage par contre menace les ouvriers dans les industries affectées par les
exportations en baisse. » Au journaliste qui lui demandait ce qu’il
faudrait alors faire, le même politicien à répondu « importer des
emplois » avec aux lèvres un sourire qui en disait long…
Mi-Septembre Pékin révèle que sa politique de change a radicalement changé expliquant que, "les importations américaines s'effondrent et la demande intérieure augmente, le lien du reminbi au dollar ne se justifie plus".
Deux mois plus tard le gouvernement taiwanais tombait lors d’un coup d’état particulièrement sanglant et visiblement fomenté par le voisin chinois. Les États-Unis, empêtrés dans une crise qui de financière est devenue politique au moment des élections présidentielles, n’ont pas réagi. Nicolas Sarkozy a immédiatement appelé les dirigeants chinois se déclarant « heureux d’apprendre que le peuple chinois ne fait de nouveau plus qu’un »….
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