Lu dans le New York Times ce matin:
L'offre américano-européenne remporte le contrat avec l'armée de l'air.
Sur le même sujet Le Monde titre:
Le Pentagone préfère EADS à Boeing pour ravitaller ses avions.
Le remplacement des avions ravitailleurs américains est un serpent de mer qui remonte à 1996. Chacun connait aujourd'hui l'histoire mouvementée de cet appel d'offre, qui a l'origine n'en était pas un, Boeing emportant la mise dans un contrat de gré à gré grâce à la corruption de membres du Pentagone, ce que McCain dénoncera. Les corrupteurs emprisonnés un nouvel appel d'offre est lancé, on connait le vainqueur...
LE vainqueur? Et bien non EADS est dans cette affaire associé au très américain Northrop Grumman et c'est là que les titres cités plus haut deviennent interressants. Les journal centro-bobo américain et son homologue français traitent le sujet de manière sensiblement différente.
Le fait que le premier parle d'une offre américano-européenne, rappelle l'absolue et aveugle obsession américaine vis-à-vis de leur supposée supériorité. Que le quotidien mainstream US le plus ouvert à l'international place le terme « américain » en premier dans une alliance tout de même notablement pilotée par un européen est en soit révélateur d'un état d'esprit « américanouillard » qui fera soit sourire soit pleurer en fonction de l'humeur du jour mais c'est dans l'article lui-même que l'on trouvera le complément d'explication.
Si le NYT insiste à ce point sur la présence américaine au sein du camp vainqueur c'est, comme le déclare Lorren B. Thompson, cité dans l'article et expert militaire à l'Institut Lexington, parce que la décision que vient de prendre l'air force « n'est pas une frustration, c'est un tremblement de terre ». L'affaire est grâve en effet car comme le dénonce le Démocrate Norm Dicks « Nous sommes en plein milieu d'une récession et nous donnons ça à Airbus? »
Et pendant ce temps en France? Et bien les pleureuses voient encore une fois le verre a moitié vide là ou je le vois à moitié plein, et la CFDT de s'inquiéter de l'emploi pour Airbus en Europe.
Hey, minute! Airbus, le projet fou lancé un jour par l'Europe, est devenu un succès économique et technologique tel que l'armée américaine le préfère à son fournisseur historique et l'on nous refait le coup du pessimisme? Mais quand la France va-t'elle ouvrir les yeux sur ce qu'elle est (entre autres grâce à l'Europe dans ce cas précis)? Un pays moderne, si si! Un pays totalement intégré dans la mondialisation, ah déjà? Ben...oui, ça fait un moment. Un pays ou la volonté de l'Etat permet encore de réussir de grandes projets pour le bien de l'emploi et donc de tous sans être pour autant allergique à la liberté d'entreprendre.
Ce contrat est effectivement un tremblement de terre. Pour les américains qui prennent conscience que leur imaginaire supériorité technologique n'est plus et que l'Europe n'est pas une petite vielle fripée. Mais aussi pour tous ces français défaitistes qui oublient qu'ils ne représentent que 1% de la population de la planète tout en étant la 5° ou 6° puissance économique et militaire mondiale et que leur succès donc car succès il y a ne pourra se poursuivre que dans la coopération accrue avec les autres puissances économiques. Et que, si effectivement Airbus localise des emplois aux Etats-Unis ou en Chine, c'est plus le signe de son succès que du déclin de l'Europe.
Que tout ne soit pas rose dans notre bon vieux pays certes, et ce blog n'est pas le dernier à le dénoncer, mais enfin sachons tout de même faire la fête au village, rôtir le sanglier et bâillonner le barde quand le Romain se prend des claques!
@ Jean:
est-ce que Louis Gallois n'a pas dit qu'il voulait dollariser ses coûts de production? Auquel cas le scénario que vous décrivez n'aurait plus du tout le m^me impact
Rédigé par : rickyny | 04 mars 2008 à 13:03
je ne voudrais pas faire mon gros défaitiste...
Mais il y a aussi un énorme danger a signer ce type de contrat, c'est le piège habituel des USA vers ses "Alliés" que l'on pourrait résumer en une phrase:
"Ce sont nos dettes, mais c'est votre problème"
Imaginons un effondrement totale du Dollar, et posons la question: dans ce cas là; quel problème se contrat représenterais pour Airbus?
Un très très gros problème sans aucun doute.
Rédigé par : Jean | 04 mars 2008 à 12:12
Ah! S'il faut aussi écouter les syndicats, qui ne font plus rien évoluer d'un pouce depuis 25 ans.... alors !!!
Le choix absolument stupéfiant d’Airbus par L’U.S. Air Force. http://blog-ccc.typepad.fr/blog_ccc/2008/03/le-choix-absolu.html
Rédigé par : Ozenfant | 02 mars 2008 à 10:24
"""Et que, si effectivement Airbus localise des emplois aux Etats-Unis ou en Chine""
bonjour
J'arrive comme un cheveu sur votre soupe,mais il y a déjà des usines Airbus en chine (pour l'A320) et aux USA pour des pièces de l'A380 (composites).
De plus la coopération EADS Northrop, n'est pas récente (on fait des missiles avec eux)
Et puis les syndicats, laissons les pleurer, il faut bien qu'il justifie leur présence, non!
au revoir et a bientôt (peut être)
Rédigé par : geo | 01 mars 2008 à 19:33