Pour le très conservateur David Frum, auteur notamment de la formule «l’axe du mal », ce que les Etats-Unis vivent actuellement à travers la pré-campagne à l’élection présidentielle, marque un changement radical au sein du peuple américain qui entraînera un changement profond et durable de la politique du pays.
Il déclare que, et je souscris pleinement à cette analyse, « l’ascendant conservateur sur la politique américaine arrive à son terme. Trois décennies durant la droite à été dominante, les républicains ont gagné cinq des sept élections présidentielles depuis 1980. Les conservateurs ont fait mieux que simplement gagner les élections : même lorsque les libéraux prenaient le pouvoir c’était pour gouverner en conservateurs ».
Mais, ajoute t’il, « les sondages montrent un changement idéologique ; un désir d’un gouvernement plus impliqué, une perte d’intérêt pour la question des impôts et un virage à gauche sur la plupart des questions sociales. »
A ce stade il me parait indispensable de rappeler que lorsqu’un conservateur américain parle de « gauche » ce n’est pas au sens européen du terme mais désigne une politique démocrate traditionnelle qui serait classée au centre droit chez nous.
Ceci dit l’argument nous semble fondé, les électeurs américains, qui voient leur pouvoir d’achat stagner, les scandales financiers s’accumuler et dont un nombre grandissant n’ont plus accès à l’assurance maladie (traditionnellement financées par les entreprises, celles-ci s’en détournent aujourd’hui en raison de l’explosion des coûts médicaux, +10%/an), ont bien du mal à « acheter » comme l’on dit ici, le discours libéral consistant à expliquer que le marché libre s’autorégule pour le bien de tous.
A noter que Frum ne prédit pas tant la victoire des démocrates en Novembre (il a par ailleurs déclaré que les conservateurs pouvaient encore l’emporter) mais plutôt le triomphe de leurs idées traditionnelles. A cet égard il serait sans doute utile que notre gouvernement, ainsi que l’Europe, obnubilés par la charge jugée excessive de l’Etat et par un abaissement des protection sociales (droit du travail, rémunérations, chômage, assurance maladie…) dans un mouvement contraire, inspiré du reaganisme des années 80, se penchent sur ce phénomène pour se demander si nous n’aurions pas, une fois de plus, dix ans de retard sur les Etats-Unis…
Source: Financial Times
NB: en complément de la conclusion de cet article, on pourra lire "Le patronat veut s’affranchir du Programme de la Résistance" sur contreinfo
Mouais...
Alors, là, je demande à voir.
La plupart des sondages d'opinion américains (oui, je sais, les sondages...) donnent en fait, depuis plusieurs années, une nette majorité d'Américains (52% ou +) en faveur d'idées "libérales".
Et "libérales" au sens américain du terme : c'est-à-dire d'idées de gauche dans un cadre de référence européen.
Alors, certes, l'américain moyen reste plus conservateur que l'européen moyen. C'est toujours ce mythe de l'Amérique, lumière des nations, "One Nation Under God", etc... etc...
Je pense en fait que les attentats du 11 Septembre, suivi du désastre irakien, ont fait prendre conscience aux Américains qu'ils n'étaient pas les maîtres du monde, mais plutôt à la traîne de l'Europe et de beaucoup d'autres pays, que ce soit socialement (d'où le débat sur une sécurité sociale à l'américaine) et économiquement (déficit avec la Chine, etc).
Ils ont également pris conscience que leur fameuse puissance militaire ne leur permettait absolument pas de se protéger contre des terroristes déterminés et/ou de conquérir des pays pour y imposer leur vision du monde par la force.
La révision est déchirante, certes, mais salutaire également.
Cette vision du monde (États-Unis, puissance dominante et impériale) est typiquement une vision des conservateurs américains, qui l'ont imposé dans le débat politique depuis Reagan et la fin de la guerre froide.
En prenant acte de l'échec sur toute la ligne de cette politique républicaine, les Américains, privé depuis longtemps de réel débat politique, se tourne donc naturellement vers le camp opposé : les Démocrates. Et ceux-ci, après voir gouverné "au centre" (Clinton), sont naturellement portés à re-découvrir l'aile gauche du Parti. L'exemple d'Al Gore est d'ailleurs assez représentatif : battu (soit disant) parce que pas assez conservateur, il défends aujourd'hui des idées considérées -- il y a encore peu de temps -- comme très à gauche.
Bon, ceci dit, je peut aussi me tromper. Le personnage de Frum ne m'inspire d'ailleurs qu'une confiance très limitée...
Rédigé par : Noryungi | 11 février 2008 à 15:09
Bien vu, man !
Rédigé par : Ozenfant | 09 février 2008 à 18:37
Effectivement, coté républicain, ce sont des candidats génétiquement modifiés qui restent en lice. Le républicain "traditionnel" a jeté l'éponge
Rédigé par : Toréador | 08 février 2008 à 22:07