lemondequivient: Inflation? Vraiement?

Excellent article du Times Online (désolé pas de traduction cette fois-ci mais de longs commentaires) sur le retour de l’inflation…aux Etats-Unis. Et oui la hausse des prix de l’alimentation n’est pas limitée à la France, il sagit d’un phénomène mondial comme les récentes émeutes l’ont prouvé au Burkina Faso . La Chine a du imposer un contrôle des prix sur certaines denrées afin d’enrayer une inflation qui risquait de se transformer en mécontentement populaire. Ce ne sont pas les enquêtes de Fillon ou les cris outragés du PS qui mettront fin à cette évidence ; face à une demande mondiale croissante les capacités de production sont saturées, quelques aménagements à la marge (réforme de la PAC) sont bien entendu souhaitables mais le fait est là, tout comme le pétrole restera à des niveaux élevés, les prix de l’alimentation ne baisseront plus.

Mais revenons aux Etats-Unis et à leur particularité à ce sujet, l’inflation ici n’est pas limitée aux produits alimentaires mais s’est déjà propagée aux trois quarts des produits. En effet 75% des produits qui font partie du panel de mesure de l’inflation de la Fed ont augmenté de plus de 2% sur an. Bien sûr les champions de la hausse sont le blé, les métaux, l’essence…etc…mais le problème est plus profond.

Hormis l’effet « demande » des marchés émergents deux autres facteurs viennent ici renforcer la hausse des prix, ors ceux-ci ne sont pas prêts de prendre fin.

L’impact de la baisse du dollar tout d’abord qui poussent les producteurs de produits vendus dans cette monnaie à augmenter leurs prix pour compenser le moins ^perçu au moment de la conversion des billets verts en monnaie locale. Bien entendu ce ne sont pas les baisses de taux paniquées de la Fed qui résorberont ce problème….

Mais surtout et peu être le facteur le plus puissant : la fin de l’effet déflationniste de la Chine. Pendant toutes les années 90 et au début des années 2000, les produits chinois remplaçaient leurs concurrents européens ou américains grâce à leur prix.

D’une part le coût de production des produits chinois augmente fortement, résultat de la raréfaction de la main d’œuvre qualifiée dans les grands centres industriels, de la hausse des matière premières et de l’élévation du niveau de qualité de certains produits.

D’autre part le gouvernement chinois se voit peu à peu contraint de renforcer son marché intérieur mais surtout de calmer le jeu sur la progression de ses exportations (menaces américaines de protectionnisme oblige). Les subventions aux exportations ont été drastiquement réduites pour certaines productions cet été, et ce n’est qu’un début. De plus la monnaie locale, contrairement à ce que l’on raconte, continue de s’apprécier, doucement mais sûrement.

Enfin et surtout, les produits qui pouvaient être fabriqués à bas coût le sont déjà pour la plupart. Les Etats-Unis sont complètement désindustrialisés (sauf l’armement mais ils ne l’ont pas…encore, transféré en Chine) l’Europe a fait de très gros efforts de productivité (restriction salariales). La grande majorité des produits dont le coût de production pouvait être optimisé sont déjà produits au coût le plus bas possible, l’effet déflationniste des gains de productivités (essentiellement dus à la Chine) arrive à son terme.

Pendant ce temps les membres de la Réserve Fédérale américaine en sont à se demander si la récession en cours ou à venir entraînera une baisse des prix (par une contraction de la demande) ou bien si (on peut toujours rêver) la baisse récente des taux permettant un redémarrage de l’économie, la principale menace ne serait pas l’inflation.

Tout faux ! Dans un cas comme dans l’autre inflation il y a, inflation il y aura car celle-ci est devenue structurelle. On pourra toujours m’expliquer que si la Chine devient trop chère les usines seront délocalisées que sais-je, au Timor Oriental ou au Zimbabwe, c’est probablement vrai, mais c’est oublier que les productions transférée ne coûteront pas moins cher qu’avant la hausse des coûts en Chine, sans quoi les usines seraient déjà dans ces paradis de la production-avec-un-ouvrier-qui-coûte-pas-un-rond-et-qui-se-la-ferme. Gains de productivités mis à part (difficile tout même vu l’explosion du prix des matières premières…) il n’y a plus de marge de manœuvre à la baisse de prix sur les produits de masse…et ce n’est pas en produisant les Rolex en Thaïlande que le panier de la ménagère s’allègera !

Commentaires

voyons Oz tu sais bien cette fois ci c'est différent, nos outils économiques "modernes" font que les réalités d'hier ne sont plus celles d'aujourd'hui...bon ce discours là ils l'ont tenu jusqu'à Juillet, depuis c'est impossible sans se voire comparer à une certaine Madame Lagaffe...mais ils le pensent toujours...

Rédigé par : rickyny | 28 février 2008 à 13:08