Jean-Paul Fitoussi nous
rappelle dans ce petit ouvrage fort à propos à quel point la Démocratie, loin
d’être un frein au développement économique, en est le corolaire
quasi-indispensable, certes les dictatures ou autres régimes autocratiques ont
pu expérimenter des périodes de croissance significatives mais à long terme
seule la démocratie, parcequ’elle rééquilibre par le politique les inégalités
crées par le marché, permet de faire accepter ce système et donc de le
pérenniser. A l’heure ou sous prétexte de mondialisation et donc d’un
libéralisme triomphant puisque l’on ne peut « faire autrement », au
moment ou le discours officiel appelle à réduire la présence de l’Etat (et donc
la puissance du politique), voilà un rappel bien salutaire.
L’extrait qui suit, plein de
bon sens, est à lire à tous les ayatollahs de la croissance comme si celle-ci
était LA voie, la seule menant vers ce à quoi nous aspirons tous : bonheur,
épanouissement personnel, foi en l’avenir de sa descendance :
« le bien-être de la
population dans les pays en développement dépend davantage de la durée et de
l’ampleur des phases de ralentissement que du taux de croissance économique
moyenne de long terme. Cette conclusion est intuitivement évidente. Dans les
pays où le système de protection sociale est encore peu développé, une
récession rejette vers la pauvreté et la malnutrition une fraction de la
population qui peut être importante. La moindre volatilité des performances des
économies des pays démocratiques constitue ainsi un avantage considérable pour
le bien être des populations. »
On sent que l’auteur s’évertue
à évoquer une possible fin heureuse à la « régression paisible de la
démocrate » qu’il dénonce mais lorsqu’il déclare que « l’extension
de la sphère du marché et celle du champ de la démocratie se renforcent
mutuellement en se limitant l’une et l’autre » on a bien du mal à
croire que notre démocratie malade de l’abandon du politique et gangrénée par la
peopolisation qui sert de contenu à la pensée vide, puisse désormais jouer le rôle
de contre poids pourtant indispensable au marché.
Jean-Paul Fitoussi, Grasset, 2004
Commentaires