Lors de précédents articles nous sommes longuement revenus sur la crise économique majeure en cours de formation aux États-Unis et qui verra son éclatement courant 2008.
L'impact de cette crise sera beaucoup plus important que celui des précédentes (87 - 2001...) car ce sont aujourd'hui les États-Unis, première économie mondiale qui sont au cœur de la tempête. Les taux d'intérêts déjà extrêmement bas d'un point de vue historique ne laissent pas de marge de manœuvre significative tout comme l'endettement global (public/privé) des USA, la faiblesse historique du dollar et les cours déjà hauts du pétrole sont autant de faits qui, isolés, auraient déjà de graves conséquences sur une économie mais qui cumulés constituent un cocktail explosif.
Ce qui transformera cette récession américaine en évènement historique majeur est la toute nouvelle position des pays en développement et parmi eux notamment la fameuse B.R.I.C. (Chine Russie Brésil Inde) et les pays pétroliers.
Comme nous le signalions dans le premier article de ce blog
la tendance en vogue chez ces nouveaux riches est d’accumuler leurs gigantesques réserves monétaires dans ce que l’on appelle des fonds souverains. D'après la banque Morgan Stanley ces fonds gèrent un volume d'actifs estimé à 2.500 milliards $ (2007) soit 13% du total du marché des actions, le double de ce que représentent les fameux hedge funds, ors ce chiffre pourrait atteindre 12.000 milliards de dollars en 2015 !
La China Investment Corp a récemment vu le jour, doté de 200 milliards de dollars, une somme qui pourrait croitre rapidement, car le montant total des réserves chinoises est astronomique (1.400 milliards de dollars).
Le plus gros de ces fonds à l’heure actuelle est celui du petit émirat d’Abu Dhabi qui s’est hier porté au secours de Citi Bank , la plus grosse société mondiale selon le magasine Fortune, devenant ainsi deuxième actionnaire de la banque devant… le prince saoudien Alwaleed bin Talal qui était lui venu à la rescousse lors de la crise de 2001.
Le même jour, DIC, le fond de Dubaï, entrait au capital de Sony.
Bien que la plupart si ce n’est tous ces fonds aient déjà entamé une diversification monétaire au profit essentiellement de l’Euro, l’essentiel des avoirs reste exprimé en dollars. Contrairement aux appels répétés des Etats-Unis, de la B.C.E. et maintenant de Sarkozy, il y a bien peu de chances que la Chine prenne l’énorme risque de lâcher brutalement le dollar.
Ainsi, dans une étude publiée mardi, Patrick Artus, de la banque Natixis, estime que "si la Chine passait en taux de changes flexibles, [...] le renminbi [autre nom du yuan, la monnaie chinoise, ndlr] s'apprécierait, mais le dollar s'effondrerait lui par rapport à l'euro".
Il qualifie donc la demande européenne d'appréciation du yuan d'"imprécise et dangereuse": "l'arrêt du soutien du dollar par les banques centrales, conduirait à un effondrement du dollar, y compris vis-à-vis de l'euro. Il n'est donc pas du tout dans l'intérêt des Européens de réclamer une plus grande flexibilité du régime de change en Chine".
L’intérêt bien compris des B.R.I.C. et autres pays pétroliers est donc d’investir en zone dollar, là ou les actifs restent abordables. Alors certes un nombre croissant des acquisitions de ces fonds s’effectue en zone dollar mais pas nécessairement aux États-Unis, reflétant ainsi les craintes à long terme sur l’économie de l’oncle Sam. Il n’en reste pas moins que le dollar baissant, la proportion de l’Euro (et du yen) augmentant dans les réserves des fonds souverains et la crise économique réduisant la valeur des actions US une part considérable des investissements continuera de se porter sur les société américaines.
Les Etats-Unis se réveilleront de la crise en cours en s’apercevant que, tandis que le yuan atteignait peu à peu un niveau plus raisonnable à leurs yeux, les chinois et d’autres auront, pendant ce temps, acquis des pans entiers de leur économie.
C’est, ce qui fait de l'Euro fort un atout sans précédent pour l'Europe, offrant une protection relative à ses entreprises vis à vis des nouveaux prédateurs tout en leur offrant des opportunités d'acquisition en zone dollar a des prix historiquement bas.
Ainsi les États-Unis n’ont plus qu’a vendre leur économie pour faire rentrer les devises qui leurs manquent tant, les B.R.I.C., les pays pétroliers et l’UE continueront d’acheter.
Ce mondequivent d'après crise aura vu un changement brutal des rapports de force économiques aux dépends des USA, l’hyperpuissance ne sera plus.
Tout à fait d'accord avec toi mais les investissements des fonds de pension sont différents des investissements des sociétés américaines destinés à leur faire gagner des marchés à l'étranger à travers leur filiale,
Rédigé par : divan25 | 01 décembre 2007 à 11:42
très juste mais c'est oublier que les investissements des entreprises ne sont qu'une petite partie des fonds mis en jeu, les fonds de pensions américains semblent eux avoir fait le choix d'acheter cher certes mais des avoirs qualitatifs et plus sûrs à moyen terme:
http://www.newsday.com/business/custom/retirement/ny-bzpens1129,0,505127.story
Rédigé par : rickyny | 01 décembre 2007 à 02:29
Eh en voilà une de bonne nouvelle! Trève de plaisanteries mais depuis près d'un an, il est très difficile aux entreprises américaines d'investire dans leur filiale européenne alors qu'avant il suffisait d'un petit virement d'outre-atlantique où la parité favorable du dollar permettait énormément de facilités!
Rédigé par : divan25 | 01 décembre 2007 à 01:37