A lire aujourd'hui dans Les Echos (La chronique de Favila) une chronique que j'aurai aimé écrire ou quand les journaux économiques s'alarment du désordre actuel.
"C'est le nouveau thème dominant des commentaires sur l'économie du monde : l'inflation menace. Aux Etats-Unis, la Réserve fédérale relève que les prix ont dérapé de 2,8 % sur la dernière période annuelle glissante. En Europe, la BCE anticipe jusqu'à la fin de 2008 une dérive nettement supérieure aux 2 % considérés comme le plafond acceptable. Or elle s'accompagne de perspectives moroses et d'une croissance molle, d'à peine 2 %, selon la plupart des projections. Sans aller jusqu'à évoquer une nouvelle stagflation (combinaison d'inflation et de stagnation), on est conduit à diagnostiquer un dérèglement sournois des repères monétaires sans dynamique économique. On ne classerait pas non plus celle-ci dans la catégorie des inflations par la demande, notamment aux Etats-Unis et en Allemagne, ni dans celle, domestique, des inflations par les coûts, principalement salariaux. Et, pourtant, elle roule. Le paradoxe apparent est qu'elle nous vient de la libération mondiale des échanges, laquelle est censée, au contraire, faire pression sur les prix grâce à la concurrence exercée par les nouveaux producteurs. Dans ce nouveau puzzle, il faut analyser.
Les prix du pétrole ont bondi - cause classique d'inflation importée - mais à cause de la demande écrasante des pays émergents. Les Etats-Unis, gros consommateurs, en souffrent les premiers ; l'Europe moins, du fait du niveau de son euro, mais elle le paye d'une moindre compétitivité monétaire à l'exportation, qui plafonne profits et salaires et fait monter le thème du pouvoir d'achat. Que les produits importés de ces pays soient moins chers n'arrange le consommateur que dans les gondoles, quand cela prive de leurs revenus les producteurs et salariés nationaux. Et voilà maintenant que les émergents, à mesure que gonflent leurs consommations, font exploser la demande mondiale de produits alimentaires et pèsent du coup sur le panier de la ménagère. Dans nos pays, pourtant, y compris en France, le pouvoir d'achat a régulièrement augmenté ces dernières années, mais ces chocs de l'extérieur en ont eu raison. L'ancien monde souffre aujourd'hui des conquêtes du nouveau, avec les mêmes excès qu'il commettait naguère lui-même : une croissance débridée, des exportations envahissantes, une accumulation de recettes et de capitaux qui enfle les flux financiers mondiaux... Une inflation qu'ils ne maîtrisent pas eux-mêmes. Car la Chine, gorgée de rentrées de devises, expose une dérive des prix de plus de 6 % et hésite à réévaluer sa monnaie de peur d'enrichir encore ses nouveaux riches. Ses propres consommateurs sont victimes de prix intérieurs arbitraires mesurant les situations de rentes. Et, comme toujours, ce sont les plus pauvres - ménages ou pays - qui payent le plus lourd tribut : certains sont au bord d'émeutes de la faim. On s'attend, en France, à un sérieux bras de fer sur le pouvoir d'achat. Mais que dire de celui du monde, qui est écrasé ?"
Sarkozy a beau claironner qu'il sera le "président du pouvoir d'achat" cela n'aura pas plus d'effet que sa volontée affichée d'aller checher la croissance avec ses petits bras musclés. Aux mêmes causes les mêmes effets, l'économie de la France ne se décide plus dans l'hexagone. Ce n'est pas un paquet fiscal agravant les déficits, donc d'endettement et la dépendance du pays qui résoudra le problème...
En fait, il ne me semble pas qu'il s'agisse là d'une conséquence de la libération des échanges. C'est plutôt la conséquences du développement des pays émergents.
Le libre échange est condamnable lorsqu'il met en concurrence des systèmes sociaux et politiques, et qu'il comprime les salaires et la demande globale. En revanche, il est difficile de condamner le principe même que des peuples accèdent à la consommation.
En tout état de cause, on assiste en ce moment à un basculement du centre de gravité du monde et à un transfert de richesse des pays développés vers les émergents. Comme on dit : avant les chinois roulaient en vélo et nous en voiture, maintenant on doit rouler en vélo parce qu'ils se sont acheté des voitures ...
Eveil des émergents, concurrence sur les prix et dumping fiscal/social, coût du viellisement, hausse du pétrôle et dette public qui étrangle l'Etat ... Je ne parle même pas de la crise financière ... Ca fait beaucoup !
Parler de pouvoir d'achat dans ces conditions tient de l'audace !
Rédigé par : Malakine | 13 novembre 2007 à 22:31