Une dépêche de l’agence Reuters, datée de dimanche, semble être passé tout à fait inaperçue dans les média français. Le ministre vénézuélien de l’énergie, Rafael Ramirez, y annonce tranquillement qu’a l’ordre du jour du prochain au sommet de l’OPEP devrait se trouver le sujet de la diversification des devises dans lesquelles le pétrole est commercialisé.
Dit en clair, le Venezuela, membre fondateur de l'OPEP, propose de mettre officiellement fin à la règle du pétrole vendu uniquement en dollars.
Pour mémoire c'est en grande partie grâce à ce monopole de la monnaie US que le billet vert est devenue la monnaie de réserve mondiale, les pays importateurs se voyant obligés d'acquérir du dollar afin de payer leurs barils de pétrole.
Alors ok le gouvernement chaviste a tendance a aimer la provocation et les déclarations à l’emporte pièce. Mais s’il dit vrai Ramirez vient de larguer une belle grosse bombe en plein sur Washington !
Et pourtant l’info qui aurait fait sourir voilà quelques années seulement est aujourd'hui tout à fait crédible. Pourquoi? Voyons comment l'année qui vient de s’écouler nous a habitué a voir le dollar peu a peu supplanté par d’autres devises pour le commerce du pétrole et dans les réserves monétaires des pays de l’OPEP:
Petit récapitulatif non exhaustif :
27 décembre 2006
La banque centrale des Emirats Arabes Unis diversifie ses actifs afin de réduire son exposition au dollar
17 mars 2007
L’Iran décide de commercialiser une partie de son pétrole en Euros
4 Juin 2007
La Syrie (non OPEC) découple sa monnaie du dollar
13 juillet 2007
L'Iran demande au Japon de payer ses importations de pétrole en Yens
21 septembre 2007
L'Arabie Saoudite refuse de baisser ses taux d'intérêts en même temps que la Fed (la monnaie du pays est pourtant liée au dollar)
On
l'oublie souvent mais les Etats-Unis importent l'essentiel de leur
pétrole de pays du continent américain: le Canada, le
Mexique, qui n'a plus que 9 ans de réserves prouvées,
et...le Venezuela qui fait tout son possible pour difersifier ses
débouchés (investissements français, accord avec
la Chine, oléoduc traversant la Colombie...). L'essentiel de
l'or noir exploité par les pays membres de l'OPEP ne va donc
pas aux Etats-Unis dont ils ne sont pas si dépendants que celà
de ce point de vue surtout dans un contexte d'érosion sans fin
de la monnaie US.
Les
pays producteurs semblent donc penser que les risques de
représailles, d'un pays dont ils dépendent finalement
de moins en moins, étaient au final moins grâves que
celui de voir leurs revenus s'effondrer en même temps que la
valeur du billet vert.
Bush devrait donc s'assurer de la pérénité de ses approvisionnements pétroliers avant de chercher à mettre la main sur d'autres ressources lointaines. Hugo Chavez étant à la pointe de la fronde de l'OPEP, Monsieur Bush bombardez donc le Venezuela!
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